Not much happens, uh ?

Collider publiait l'an dernier un article sur quinze films dans lesquels "il ne se passe pas grand chose". On y trouve évidemment... Days of heaven ? Bon... Pas le moins narratif de son auteur pourtant. 

Enfin, cette liste est une anti-liste, ce n'est pas qu'il ne se passe pas grand chose, c'est que le spectateur habitué à des films surexcités qui le mettent sous adrénaline n'y retrouve pas son modèle de récit favori dans lequel on lui dit explicitement ce qu'il se passe. 

Après rattrapage de Showing up de Kelly Reichardt que j'avais loupé à sa sortie, c'est encore plus évident. Il ne se passe rien, et dans ce rien, c'est le monde entier qui y passe. C'est la quête d'une artiste pour prendre sa douche, pour soigner un pigeon que son chat a blessé, pour recoller les morceaux d'une famille éclatée, brulée comme cette sculpture en émail dont la cuisson accidentelle rend le flanc cendré. Reichardt sait que l'on reconnaît les histoires vraies à ce qu'elles n'ont pas de chute. Et la beauté de ces doigts sculptant à travers la matière même, ces mains-outils primitives dont le travail est faussement reconnu par les mondains du vernissage.