Immigration émancipation

Très belle projection de Gölge à la Cinematek, film introuvable et quasi inédit 40 ans après sa réalisation. On y suit une jeune turque qui cherche sa place dans sa famille et dans la société, entre traditions et modernités, amours timides et désespoir fâcheux.

Le premier plan du film est tout bonnement exceptionnel. Dans un plan-séquence sans son direct mais accompagné de douces notes de flûte, la caméra retrace le trajet de l'entrée de l'immeuble à la porte de la famille. C'est la coupe qui nous permet de passer à l'intérieur. Ce premier plan est un motif en soi, il fait appel à l'habitude du spectateur. Tout le monde connait le chemin pour rentrer chez soi, le bruit de la porte, le son des escaliers en bois, cette poutre où la peinture s'abîme, si les poubelles sont sorties c'est qu'on est jeudi, la rouille des barrières. Pris dans sa non répétitivité (on ne rentre pas qu'une seule fois chez soi), il est évident qu'il demande au spectateur de raviver sa propre expérience du retour chez soi. En voilà une chose : le chez soi de ces immigrés turcs est bien là, dans cet immeuble berlinois. Mais ce chez soi est épié par le voisinage qui guette et surveille les faits et gestes de Gölge. Et son père de calmer les ardeurs et les ambitions de sa jeune fille qui ne peut s'évader qu'en rêve, entre course en forêt et chemin dans un white cube labyrinthique. L'artificialité de cette séquence, jouée de façon moins naturaliste et quasi grossière, donne du charme au film qui n'en n'était déjà pas dépourvu.

Laissons les images faire leur effet :







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